Saint François de Sales … ou la passion de l’Autre !

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               Saint François de Sales … ou la passion de l’Autre !

 

Le 24 janvier prochain marquera le 400ème anniversaire de la mort de cette grande figure spirituelle (1567-1622).

Depuis la rénovation de l’église Saint Louis, comment ne pas remarquer l’imposant vitrail, situé au-dessus de la porte latérale qui ouvre sur la cour de la Mission ?

Par temps ensoleillé, le violet de sa robe de prélat (évêque de Genève, résidant à Annecy car la capitale helvétique était alors « la Rome calviniste ») colore de jolis reflets la croisée du transept !

 

Dans l’iconographie hagiographique, il est ici, comme dans d’autres lieux, représenté le doigt pointé vers le ciel, serrant contre sa poitrine un de ses ouvrages majeurs, car il a beaucoup écrit : l’Introduction à la vie dévote a connu un immense succès, au moment de sa parution, et a suscité un enthousiasme phénoménal ! Réimprimé 40 fois du vivant de son auteur et constamment réédité depuis, traduit dans toutes les langues, il existe même une traduction en breton intitulée : La porte de la vie chrétienne (titre un peu plus explicite que l’original).

Saint François de Sales est un des auteurs chrétiens les plus lus dans le monde et ses œuvres complètes ont été publiées dans la collection de La Pléiade.

Il est d’ailleurs le patron des écrivains, des éditeurs, des journalistes et, par extension, des webmasters.


Docteur de l’Eglise,
François de Sales est l’une des figures majeures de la Contre Réforme catholique.

Homme de cœur, de pensée et d’action, dans un monde en pleine mutation, à la fois missionnaire et écrivain de génie, cet évêque (post) conciliaire, va s’engager dans les réformes demandées par le Concile de Trente (1545-1563).

Homme d’unité (« oecuménique » avant l’heure), précurseur du dialogue religieux à une époque où les divisions religieuses constituaient une plaie au flanc de l’Eglise (nous sommes en pleines guerres de religions), homme de charnière, entre le 16ème et le 17ème siècle, homme de frontière (« géographiquement » placé à l’un des carrefours de l’Europe de son temps – au point de convergence entre le monde germanique et le monde latin), c’est un esprit novateur, moderne, polyglotte (suivant ses destinataires, il fait usage du français, de l’italien ou du latin, langue des humanistes et des diplomates de l’époque).

Sa spiritualité est d’une étonnante modernité : il est celui qui a su donner, par ailleurs, aux laïcs, toute leur place au sein de l’Eglise (et, à ce titre, il a largement inspiré le Concile Vatican II).

Porteur d’un humanisme intégral – un humanisme théocentrique comme dira Jacques Maritain, implanté là où l’homme a ses racines, François de Sales nous propose une spiritualité de l’Incarnation.

Bien loin de l’image un peu mièvre et doucereuse qui sent la naphtaline et l’eau de rose que d’aucuns s’en font parfois, il convient de « dépoussiérer » son image !

 

Prêtre (et évêque) de terrain avant tout, c’est un « routard », un aventurier qui sillonne les dangereux chemins de montagne pour rencontrer les hommes et les femmes de son immense diocèse…

 « Faire visitation », telle est la jolie expression qu’il utilise lui même pour qualifier sa démarche : aller vers les gens, car le chemin de Dieu passe par le chemin des hommes.

François voit le « côté extraordinaire » des « personnes ordinaires », s’émerveille devant la beauté spirituelle des personnes qu’il rencontre – des gens simples – des montagnards aux prises avec une réalité naturelle qui n’est qu’un long combat : il en relève les traits qu’il transposera dans le contexte de la vie spirituelle et dans celui de sa mission pastorale…

Pour François de Sales, la Visitation, c’est vraiment l’état d’esprit que doit avoir un chrétien « non installé » : c’est le signe même de l’Esprit Saint de tous les temps, en marche vers la réalisation du projet de Dieu sur le monde !

La Visitation préfigure le sens profond des relations humaines dans nos vies personnelles, familiales et sociales.

Il s’agit de vivre nos relations humaines à la manière de la Visitation : toute rencontre présente un enjeu spirituel !

Nous mettre « en état de Visitation », c’est tracer, inventer des chemins nouveaux d’humanisation, là où nous vivons, dans toutes les dimensions de notre existence, à travers nos divers engagements quotidiens : « Tout homme est une histoire sacrée, l’Homme est à l’image de Dieu » (début du livre de la Genèse)

Ce n’est, bien évidemment, pas par hasard qu’il fonde, avec sainte Jeanne de Chantal, un couvent qui s’appelle la Visitation !

 

Observateur très attentif de la nature, infiniment respectueux et admiratif du cadre dans lequel il vit, François de Sales est un « écologiste »,  bien avant Laudato Si !

Contempler la création, dans sa beauté et son infinie diversité, c’est rencontrer Dieu dans « sa Parole en actes » – un Dieu de tendresse qui, comme un Père, est amoureux de l’humanité : « La Foi est un rayon de soleil qui nous fait voir Dieu en toutes choses et toutes choses en Dieu ».

 

Bien loin d’être une « morale » de la perfection, la sainteté, à laquelle le chrétien doit aspirer, est d’abord une prise de conscience de  cet Amour de Dieu qui s’exprime dans ses œuvres et qui s’adresse à chacun(e) de nous.
Les Béatitudes se vivent dans les attentes, dans les combats et les solidarités de l’humanité (et pas « dans les nuages »).
L’actualisation de ce chemin d’Amour – qui passe par la Croix – se vit dans l’aujourd’hui de nos vies – lieu de rencontre de l’Homme avec Dieu et ses frères : la sainteté, c’est ici et maintenant – et c’est pour tout le monde – le commun des mortels –  quel que soit son état de vie.

(Elle n’impose pas de choix obligatoire – celui d’une vie contemplative, par exemple, qui obligerait à se retirer du monde !) ;

Il ne s’agit pas d’obtenir, au moyen de lourds sacrifices, un « prix d’excellence » mais de se laisser aimer par Dieu et de répondre au projet d’Amour qu’Il nous offre.

Tandis que la perfection est de l’ordre de l’agir (ardeur qui peut être entachée d’orgueil), la sainteté est une histoire d’Amour qui consiste à accepter et à recevoir la plénitude du désir de Dieu sur nous

Alors que la perfection est réservée aux surhommes, la sainteté est accessible à tous !

Si la perfection est une récompense de nos actions, la sainteté est un don de Dieu.

Etre saint (e) – les femmes ne sont pas exclues ! – ce n’est donc pas de l’héroïsme, c’est reconnaître, avec humilité, sa fragilité et sa petitesse : le saint n’est pas quelqu’un d’irréprochable … mais un pécheur qui s’est senti aimé de Dieu !

Nous avons donc toutes nos chances !!

 

« Allez joyeusement et à cœur ouvert, le plus que vous pourrez … et si vous n’allez pas toujours joyeusement, allez toujours courageusement et avec confiance ! »

 Beau programme pour 2022, non?

Catherine PHILIPPE

NB : l’église saint Louis possède un autre petit vitrail de saint François de Sales, dans la petite chapelle adjacente éponyme, située juste à droite de la grande porte qui ouvre sur la cour de la Mission !