Père Célestin

Le 15 novembre, les rebelles de l’UPC, l’Union pour la Paix en Centrafrique, ont ciblé le refuge des déplacés qu’abritait l’évêché d’Alindao,
à l’est de Bangui la capitale, au sud de la Centrafrique. Il y aurait une quarantaine de morts, parmi lesquels deux prêtres,
dont le vicaire général du diocèse, le Père Blaise MADA.

Le Père Célestin NGOUMBANGO est l’une des victimes. Il était arrivé en septembre 2005 dans le Pôle missionnaire de Fontainebleau et il en était parti en 2008.
Il a exercé  la plus grande partie de son ministère à Fontainebleau et à Perthes en Gâtinais.
Il était curé de la paroisse de Mingala.
Des messes seront célébrées pour ce bon et fidèle Serviteur devenu, désormais, martyr au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle…
Prions pour lui et pour tous ceux qui meurent au nom de leur foi.

Père José Antonini

 

Le Père Célestin : un pasteur tombé au milieu de ses brebis.

Nous faisons mémoire du Père Célestin qui a passé trois ans à la paroisse Saint-Louis de Fontainebleau, de septembre 2005 à septembre 2008, puis qui est retourné comme curé en  Centrafrique. Il a été tué le 15 novembre dernier, avec une quarantaine de réfugiés chrétiens et le vicaire général de son diocèse, dans l’attaque par un groupe armé à l’évêché d’Alindao.

Le Père Célestin Ngoumbango était le cadet d’une famille de 12 enfants. Né le 5 décembre 1962, il avait donc 56 ans et avait été ordonné prêtre le 16 février 1992, à 30 ans, incardiné dans le diocèse d’ALINDAO. A peine ordonné, il avait arpenté les villages les plus reculés de sa paroisse de ZANGBA, à 500 km à l’est de Bangui la capitale, dont certains n’avaient pas vu de prêtre depuis plus de vingt ans…C’était une très forte personnalité, doué d’une grande aisance relationnelle et verbale et d’une autorité naturelle : un leader et un pasteur né.

Envoyé en France pas son évêque pour parfaire sa formation, Il a passé parmi nous trois ans, deux ans avec le Père André Lavollée puis un avec le Père Bogdan. Il faisait part de son attachement à L’Afrique. Dans ses homélies il s’exprimait très librement au risque parfois de faire part de ses opinions concernant la vie en France. En septembre 2008, il est reparti en Centre-Afrique, comme curé de la paroisse de Mingala, dans le diocèse d’Alindao, au sud-est du pays. Xavier Roussel l’a visité peu après. Il était heureux d’être rentré. Les paroissiens, très pauvres, lui avait fait une fête mémorable !

La  Centrafrique est un des pays les plus pauvres du monde malgré de grandes richesses minières qui attisent les convoitises. A partir de 2012, la guerre civile, qui couvait depuis 2003, reprend. Le Président est renversé. Les populations civiles sont victimes de violences de masse. Les troupes françaises interviennent fin 2012 puis sont remplacées en 2016 par la Minusca, force des Nations unies. Le pays reste la proie de groupes armés et de milices qui font régner la terreur et pillent. Un quart des 4,5 Millions de centre-africains sont réfugiés ou déplacés.

Dans la plupart des villages de la paroisse du Père Célestin, il n’y a ni eau, ni électricité. La plupart des routes sont des pistes quasi impraticables pendant les mois de la saison des pluies. L’insécurité est permanente. A cause des groupes armés mais aussi la violence pour un incident ou un butin à nos yeux dérisoire. Silvère et Isabelle Jauny, paroissiens de Fontainebleau, venus passer 2 semaines avec le Père Célestin, ayant couché dans des villages ont su le lendemain que des paroissiens s’étaient relayés toute la nuit dans l’obscurité totale pour veiller à leur sécurité.

Depuis 2012, le Père Célestin se savait menacé. De très nombreuses fois il a dû fuir avec ses paroissiens et se cacher dans la forêt. Son presbytère a été pillé trois fois. Mais il ne cessait de se déplacer pour visiter ses paroissiens dispersés. Après la fête, il confesse tard la nuit et dort très peu. Au milieu de tant de misère, de souffrances et de désespérance, il est au milieu d’eux la « force tranquille » : il est celui qui rassure, qui ne baisse jamais les bras. Il n’a pas son pareil pour désarmer la violence, par quelques mots et son autorité.

Le 15 novembre, à Alindao, sous un prétexte de vengeance, un groupe armé a massacré une quarantaine de chrétiens qui avaient trouvé refuge dans un camp de déplacés. Les autres ont fui dans la brousse. La cathédrale a été incendiée, l’évêché pillé et deux prêtres tués : le vicaire général du diocèse le Père Blaise Mada et le Père Célestin qui se trouvait là. La Croix des 16 et 20 novembre et divers organes de presse ont rendu compte de cette attaque sanglante, malheureusement banale dans la situation chaotique du pays.

Ainsi a vécu et est mort notre Père Célestin, prêtre de Jésus-Christ et curé de Mingala.

« Il n’aurait pas voulu mourir autrement » ont dit ses plus proches.

Le Pape François avait visité la Centrafrique fin 2015 pour « dire non à la vengeance ». Dimanche dernier, à l’occasion de la journée mondiale des pauvres, il a prié pour les victimes de ce massacre, dont ces deux prêtres, et pour ce pays qui a tant besoin de paix.

Nous nous associerons à cette prière dimanche prochain, 25 novembre à la messe de 10h30 à Saint Louis.

Informations : Vatican news

La Croix