Méditation 9 du père José

Une méditation sur le silence

« Que n’avez-vous gardé le silence ? Vous auriez passé pour avoir de la sagesse ». (Job 13, 5)

Les 55 jours de confinement que nous avons tous vécu, ont fait découvrir à un certain nombre d’entre nous, les vertus du silence. En effet, face à la présence envahissante du bruit qui est notre quotidien, nous avons découvert ou redécouvert les bienfaits d’une vie sans stress et sans vacarme. Cette heureuse expérience nous a fait davantage apprécier cette pratique du silence qui, incontestablement, nous aide à nous défaire de notre égoïsme et de ses conséquences pour nous ouvrir davantage à Dieu. Par ailleurs, cette pratique spirituelle du silence nous aide aussi à conquérir la pureté du cœur, la sérénité intérieure et l’honnêteté…

Pour un chrétien, la prière de silence, ou de « recentrement », n’est pas une technique de relaxation, même si elle peut apporter une certaine détente, mais une discipline qui laisse l’amour de Dieu pénétrer de sa présence notre silence intérieur La méditation chrétienne est un voyage intérieur, un temps de silence et de présence partagés pour soutenir une recherche personnelle. Elle apporte, dans la simplicité, la dimension contemplative qui manque si souvent à la vie chrétienne aujourd’hui.

Pour Mère Teresa, qui a aimé et soigné les plus pauvres parmi les pauvres, l’expérience la plus importante, c’est le silence. « Nous avons besoin de découvrir Dieu, et Dieu ne peut pas être trouvé dans le vacarme et l’agitation. Dieu est l’ami du silence », écrit-elle. Et elle ajoute : « Toutes paroles sont inutiles, si elles ne proviennent pas de l’âme. Les paroles qui ne donnent pas la lumière du Christ augmentent les ténèbres. » Faire silence ne veut pas dire seulement qu’on cesse de parler. « Il faut comprendre ce qui occupe le mental. Pour cela, nous devons pratiquer le sacrifice du silence. »

 

La méditation que l’on appelle aussi prière contemplative est donc la prière du silence, lieu où le contact avec le Christ peut se réaliser, une fois que l’activité incessante de notre mental s’est arrêtée.

Méditer, c’est demeurer simplement en silence dans l’immobilité de l’esprit et du corps pour aller à la rencontre de l’essentiel et découvrir au plus profond de nous-mêmes la source qui nous habite et nous fait vivre.

Ce silence, en dépit de toutes les distractions du monde moderne est possible pour chacun et chacune d’entre nous, pourvu que nous lui consacrions du temps, de l’énergie et de l’amour.

Le silence est à la base de toute vie spirituelle. Sans lui, la prière ne peut s’articuler intérieurement, pour monter vers son Destinataire. Sans lui, le bavardage s’étend au détriment de la parole, son exact contraire. Que serait une liturgie qui ne préserve pas, à tel ou tel moment, des instants de silence ? Nous, chrétiens, nous avons le privilège, la grâce, de bénéficier de l’expérience des mystiques dans ce domaine. Toutes les traditions monastiques ont développé, à leur origine et au long des siècles, une réflexion sur ce thème, directement ou par des voies parallèles.

Les disciples du Christ que nous sommes ont tout à gagner à méditer en silence lorsqu’ils le peuvent, lorsqu’ils se sentent intérieurement poussés à le faire. Ils ont autant à gagner à mesurer, dans et avec leur propre conscience, le bénéfice spirituel d’une telle méditation. En ce domaine comme en d’autres, les livres sont évidemment des compagnons précieux.

Ce que nous pouvons retenir d’essentiel c’est, d’une part, que l’homme a tout intérêt à méditer en silence lorsqu’il le peut et, d’autre part, que la solitude est la première condition du silence. Comme le résume si justement Madeleine Delbrêl « le silence n’est pas une évasion, mais rassemblement de nous-mêmes au creux de Dieu ».

Père José+