Méditation 5 du père José

« Dieu est miséricorde… Là est notre espérance. »

 

Nous avons aujourd’hui un besoin urgent de miséricorde. Besoin de la recevoir de Dieu et donc de nous reconnaître pauvres (c’est l’exemple que ne cesse de nous donner le Pape François), besoin de l’exercer à notre propre égard et à l’égard de ceux qui nous entourent. Nous ne sommes pas des naïfs qui font semblant de voir le bien partout, nous ne sommes pas non plus des hypocrites qui font semblant d’ignorer le mal en eux et autour d’eux, nous sommes, nous voulons être, des réalistes qui mesurent (au moins un peu) la distance qui les sépare de la perfection que Dieu veut pour eux et qui comprennent qu’un tel abîme ne se franchit que sur les ailes de la miséricorde.

Quel don plus grand souhaiter pour nous-mêmes et pour tous en cette période si troublée par cette épidémie du coronavirus ?

À mes yeux, la réponse est simple : souhaitons-nous un cœur tourné vers Dieu, plein de sa miséricorde et fidèle ? Voilà ce qui donne l’espérance à tous, voilà ce qui sauve de la médiocrité, de l’erreur et de la violence, car la miséricorde est contagieuse, elle gagne peu à peu et renouvelle en profondeur des hommes qui n’attendent qu’un signal pour s’ouvrir à elle, et s’ouvrir en même temps au bonheur qui ne déçoit jamais.

En nous tournant vers la « Mère de miséricorde » comme nous appelons la Vierge Marie au début du « Salve Regina », nous plaçons notre confiance dans son appui, son exemple, son intercession, elle qui est modèle de la miséricorde reçue, choisie et répandue.

Lors de l’audience générale, le 21 septembre 2016 place Saint-Pierre à Rome, méditant particulièrement sur l’Évangile de saint Luc (6, 36-38), le pape François s’est demandé ce que pouvait signifier pour les disciples « être miséricordieux ». « Jésus nous l’explique avec deux verbes : pardonner” (Lc 6, 37) et “donner” (Lc 6, 38) », a souligné le Saint Père.

Mais pourquoi un chrétien doit-il pardonner ? a-t-il poursuivi. « Parce qu’il a été pardonné ». « Aucun de nous, dans sa vie, n’a pu se passer du pardon de Dieu. Et puisque nous avons été pardonnés, nous devons pardonner ». Si le pardon est le premier pilier de l’Église, a continué le Pape François, le don en est le second. « Dans la mesure où nous recevons de Dieu, nous nous donnons à nos frères, et dans la mesure où nous nous donnons à nos frères, nous recevons de Dieu ! », a-t-il souligné. « Que préférez-vous ?, a questionné le Pape François en toute fin de sa méditation. Un cœur de pierre ou un cœur plein d’amour  ? Si vous préférez un cœur plein d’amour, soyez miséricordieux  ! »

Lors du Chemin de Croix du vendredi Saint 2016, le Cardinal Gualtiero Bassetti, Archevêque de Pérouse en Italie, avait choisi, comme thème de ses méditations, la Miséricorde.

Dans ces très belles méditations qui accompagnaient toutes les stations de la Via Crucis, le Cardinal Bassetti montrait que la miséricorde est le canal par lequel la grâce de Dieu parvient à chaque homme qui expérimente la peur, la douleur, la persécution et la violence.

Au cours des quatorze stations, l’Archevêque de Pérouse montra que « la justice de Dieu transforme la souffrance la plus atroce dans la lumière de la résurrection ». Mais, de même que Pilate, il y a ceux qui ont peur de perdre leur propre sécurité et ne choisissent pas la vérité de Dieu et ceux qui craignent l’étranger, le migrant et n’aperçoivent pas le visage du Christ.

Le prélat aborda la souffrance, souvent vécue comme absurde et adressa des prières pour « les juifs morts dans les camps d’extermination, pour les chrétiens tués en haine de la foi, pour les victimes de toute persécution ».

Parmi les divers thèmes abordés, la famille, « cellule inaliénable de la vie commune », et « pilier inchangeable des relations humaines ». Le Cardinal Bassetti évoqua ainsi les souffrances des familles éclatées, de ceux qui n’ont plus de travail, des jeunes précaires, et adressa une supplique à Dieu pour ceux qui « sont à terre » à cause de l’échec de leur mariage, de drames ou de l’angoisse du futur. La question des « enfants profanés dans leur intimité » n’a pas été oubliée.

Évoquant les deux larrons qui entourent le Christ sur la croix, le Cardinal montra que le premier, qui propose de s’échapper et d’éliminer la souffrance, représente « la logique de la culture du déchet », tandis que le second, qui accepte la volonté de Dieu, se voue à la « culture de l’amour et du pardon ».

Au terme de ce Chemin de croix, le Cardinal Bassetti a rendu hommage aux « vrais apôtres du monde contemporain », comme Maximilien Kolbe et Edith Stein. Il montra également le contraste entre les obsèques simples et sobres du Christ par Joseph d’Arimathie, et celles des « puissants de ce monde » marquées par « l’ostentation, la banalisation et le faste ».

À la lumière de l’évangile et des riches enseignements reçus sur ce thème de la miséricorde, nous comprenons mieux, d’une part, pourquoi l’amour miséricordieux est l’unique chemin à emprunter et, d’autre part, combien nous avons besoin tous d’être un peu plus miséricordieux, de ne pas dire du mal des autres, de ne pas juger, de ne pas « pourrir » les autres avec nos critiques, nos envies, nos jalousies !

Une certitude s’impose maintenant à chacun d’entre nous : nous devons pardonner, être miséricordieux, vivre notre vie dans l’amour. Cet amour permet aux disciples de Jésus de ne pas perdre l’identité qu’ils ont reçue de Lui, et de se reconnaître enfants du même Père. Dans l’amour qu’ils pratiquent dans leur vie, se réverbère ainsi cette miséricorde qui n’aura jamais de fin (cf 1 Co 13, 1-12).

Comme le souligne très fort le Pape François, « miséricorde et don » ; « pardon et don » élargissent le cœur dans l’amour. Au contraire l’égoïsme, la colère, rétrécissent le cœur, ils le rendent dur comme pierre. Et le Pape de conclure en nous interrogeant : « Que préférez-vous ? Un cœur de pierre ou un cœur plein d’amour ? Si vous préférez un cœur plein d’amour, soyez miséricordieux ! »

Puisse l’Esprit Saint nous aider à avoir ce cœur plein d’amour !

Père José+