Méditation 11 du père José

 

« La joie engage à aimer. Elle est le fruit de l’Esprit Saint »

 

Alors que le déconfinement a débuté depuis quelques jours, je me suis rendu compte que beaucoup d’entre nous restent inquiets. C’est alors qu’une question a traversé mon esprit : et, sans être naïfs, si la solution à tous ces doutes était la joie, ou plutôt le devoir de joie ?

Que ce soit dans le milieu politique et social, ou dans l’Église, le climat est pour le moins morose : l’avenir est incertain. Nombreux sont ceux qui se demandent comment on peut encore « y croire ». Comment regarder l’avenir avec espérance ? Comment garder finalement sa joie de vivre quand tout semble contraire ?

Dans un tel contexte, l’idée de devoir être joyeux paraît saugrenue et pourtant, en tant que chrétien, c’est ce à quoi nous sommes invités. Une question s’impose immédiatement, comment relever ce défi ? La recette pourrait peut-être, d’une part, être le fait de se décentrer de soi-même pour mieux s’intéresser aux autres et, d’autre part, regarder avec plus d’attention ce qui va bien plutôt que ce qui va mal, si on adopte la devise « le meilleur est juste-là ! » En faisant ainsi, on retrouvera une joie plus naturelle et plus habituelle. Cette attitude, bien entendu, demande de voir les choses du bon côté. C’est même parfois, reconnaissons-le humblement, un combat lorsqu’on est assaillis de mauvaises nouvelles ou qu’on est dans la souffrance.

Être joyeux c’est vouloir rendre ce que l’on a reçu, c’est vouloir partager ce cadeau, c’est le répandre autour de soi. La joie engage à aimer, elle pousse à reconnaître et approfondir ses qualités profondes. Elle est aussi contagieuse. Qui n’a jamais été séduit par une personnalité joyeuse ? Jésus et ses apôtres, nous disent les évangiles, étaient joyeux, aimaient les fêtes et leurs amis. La joie transforme notre regard sur les gens et les événements. Elle est, profondément, le signe du chrétien.

Quand on est croyant, on n’oublie pas que c’est au plus profond de son agonie au mont des Oliviers, à la fin de son discours d’adieu à ses Apôtres, que le Christ affirme : « Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). Au cœur des doutes, des souffrances et même des persécutions, la paix et la joie sont là : le Christ a vaincu la mort et le péché !

À la lumière de cette bonne nouvelle de Notre Seigneur Jésus Christ, pourquoi ne pas chercher en soi, et dans la prière, les moyens de laisser la joie habiter nos journées ? Ce combat pour la joie est très concret : à chacun donc de trouver ses armes !

Comme l’écrivait en 2018 le pape François dans l’une de ses méditations, la joie « est le souffle, la manière de s’exprimer du chrétien ». Du reste, « la joie n’est pas une chose que l’on achète ou que je peux faire avec un effort : non, elle est un fruit de l’Esprit Saint ». Car ce qui provoque « la joie dans le cœur, est l’Esprit Saint ». Il y a « la joie chrétienne, si nous sommes en tension entre le souvenir – la mémoire d’être régénérés, comme le dit saint Pierre, la mémoire que Jésus nous a sauvés – et l’espérance de ce qui nous attend ». Et « quand une personne est dans cette tension, elle est joyeuse »… Le saint Père poursuit sa méditation en indiquant que : « La joie n’est pas de vivre d’éclats de rire en éclats de rire, non, ce n’est pas cela ». Et « la joie n’est pas d’être drôle, c’est une autre chose ». Car « la joie chrétienne est la paix, la paix qu’il y a dans les racines, la paix du cœur, la paix que seul Dieu peut nous donner : voilà ce qu’est la joie chrétienne » et « il n’est pas facile de conserver cette joie ». Et « l’apôtre Pierre dit que c’est la foi qui la conserve : je crois que Dieu m’a régénéré, je crois qu’il me donnera cette récompense ». Voilà précisément « ce qu’est la foi et avec cette foi on conserve la joie, on conserve la consolation ». Donc, «la joie, la consolation, c’est seulement la foi qui la conserve ».

Beaucoup de grands saints, comme Dominique ou Mère Teresa, étaient joyeux, malgré les difficultés qu’ils ont traversées. Cette joie trouve sa source dans la grande annonce chrétienne : Jésus est ressuscité, après sa mort sur la Croix, il est vivant ! Cette joie peut donc nous habiter, même dans les difficultés. Mieux : elle nous est donnée et nous pouvons en vivre.

Dans notre société qui est plus anxiogène que joyeuse, la joie, la consolation sont notre souffle chrétien. À la suite de ce beau dimanche de la Pentecôte, demandons donc à l’Esprit Saint qu’il nous donne toujours cette paix intérieure, cette joie qui naît du souvenir de notre salut, et de l’espérance chrétienne de ce qui nous attend. En faisant ainsi, je suis vraiment disciple du Christ.

Ne perdons plus de temps, laissons la joie éclairer notre vie, soyons les témoins lumineux que le monde attend !

Père José+