Marie, mère de l’Eglise

 

Dans la joie et dans l’action de grâces, célébrons la fête de Marie, « Mère de l’Église » !

Le 21 novembre 1964, au cours de son discours de clôture de la 3e session du Concile Vatican II, par lequel il promulguait la Constitution dogmatique sur l’Église, « Lumen Gentium », le Pape Paul VI proclama la Vierge Marie : « Mère de l’Église ». Tous les évêques du monde entier rassemblés à Rome se levèrent alors et applaudirent de tout leur cœur à cet événement !

Et c’est avec une immense joie que désormais, chaque année, le lundi qui suit la fête de la Pentecôte, et cela à la demande de notre Pape François, nous célébrons la fête de « Marie, Mère de l’Église » !

Mais pourquoi donner à Marie ce nouveau nom, celui de « Mère de l’Église », et en quoi ce nom peut-il nous aider à mieux nous tourner vers la Vierge Marie, et à vivre notre foi dans le Christ ?

Ce nom de « Mère de l’Église », fait bien sûr allusion aux Paroles dites par Jésus lorsqu’il était sur la Croix, d’abord à sa Mère, en lui désignant « le disciple qu’il aimait » : « Voici ton fils », puis à ce disciple en lui disant à son tour : « voici ta Mère ». Ce même disciple, Jean, nous dit que : « dès cette heure-là, il l’accueillit chez lui » (cf. Jn 19, 25-27).

Au fil des siècles, l’Église, conduite de plus en plus profondément par l’Esprit Saint « dans la Vérité tout entière » (cf. Jn 16, 13), a compris que cette déclaration de Jésus ne visait pas seulement la personne de Jean, l’Apôtre et l’évangéliste, mais chacun des disciples du Christ : n’est-ce pas pour chacun de nous, en effet, qu’il a donné sa vie sur la Croix, dans un Amour plénier, parfait ?

Déjà, au 5e siècle, le Pape Léon le Grand, contemplant le mystère de l’Incarnation et de la Nativité du Fils de Dieu, avait perçu que la maternité de Marie vis-à-vis de Jésus, ne pouvait être considérée comme s’exerçant seulement vis-à-vis de Celui-ci, mais qu’elle ne pouvait que s’étendre aussi à l’Église toute entière, du fait que cette dernière est, comme saint Paul l’a admirablement mis en lumière, « son propre Corps » (cf. 1Co 12) : « Lorsque le Christ vient au monde, le peuple chrétien commence : l’anniversaire de la Tête, c’est l’anniversaire du Corps » (St Léon le Grand, Homélie pour la Nativité).

Quelques siècles plus tard, au Moyen-Age, l’Église a mieux compris encore comment Marie était également participante, à sa place de Mère, du mystère de la Croix par lequel le Christ opérait l’œuvre de notre Rédemption. Elle, à qui le Christ s’adressait en lui disant : « Femme », était la nouvelle Ève, pleinement unie à Lui, le nouvel Adam. Première d’entre nous à être sauvée par son divin Fils, et comblée en plénitude de la grâce qu’il était venu offrir à tous les hommes, elle s’unissait alors parfaitement, dans la foi et dans l’amour, à l’offrande qu’il faisait de tout lui-même au Père, et elle s’offrait d’un seul cœur avec lui, pour notre salut à tous.

C’est ainsi que Marie peut être dite, comme nous l’enseigne le Concile Vatican II : « la figure et le modèle de toute l’Église », elle-même Vierge et Mère (cf. « Lumen Gentium », n° 53). Cela signifie que Marie, au pied de la Croix, représente de manière parfaite toute l’Église qui accueille en plénitude le don du salut, et y réponds parfaitement, par sa foi et par son amour. En ce moment, Marie nous portait, chacun d’entre nous, dans son cœur maternel et dans sa prière, n’ayant comme désir que celui que nous ouvrions nos cœurs, comme elle et avec elle, au don de la Miséricorde, au don de l’Esprit Saint. C’est ainsi que Jésus a pu lui révéler sa mission maternelle vis-à-vis de toute l’Église.

Comment Marie exerce-t-elle cette maternité aujourd’hui alors qu’elle est dans la Gloire ?

Que signifie-t-elle pour nous qui sommes encore en pèlerinage sur cette terre ?

Tout d’abord, Marie est celle qui intercède pour nous : elle veille sur chacun de nous qui sommes ses enfants, de la même manière qu’elle avait été attentive aux besoins des participants des noces de Cana, faisant part à son Fils qu’ils manquaient de vin (cf. Jn 2, 1-11). Marie désire ardemment que nous entrions nous aussi dans la joie des Noces, non plus de noces humaines, mais des Noces que le véritable Époux, le Christ, est venu célébrer avec son Épouse, l’Église, et donc avec chacun de nous (cf. Ap 19, 7-8 ; 21, 1-2). Et nous pouvons mettre toute notre confiance dans sa prière maternelle car celle-ci est toute puissante sur le cœur de Dieu : Marie, en effet, ne veut que ce que Lui, le Seigneur, veut pour nous !

Que Marie demande-t-elle avant tout pour nous ?

Que nous ouvrions nos cœurs au don de l’Esprit Saint, afin que nous nous laissions combler et guider par Lui en toutes choses, de sorte que nous vivions de plus en plus de la vie du Christ ressuscité et que, en Lui et par Lui, nous vivions en vrais enfants du Père et en frères et sœurs les uns des autres. Elle prie pour que nous puissions vivre dans cette Joie et dans cette Paix que le Christ est venu apporter au monde.

Dire que Marie intercède pour nous signifie en même temps qu’elle est toujours présente à chacun de nous pour nous aider à ouvrir nos cœurs à son divin Fils, dans la foi et dans l’amour, comme elle-même l’a toujours fait, de manière parfaite.

Plus nous accueillerons Marie, en nos cœurs et en nos vies, comme celle qui est vraiment notre Mère dans l’ordre de la grâce, plus elle pourra nous communiquer toute la vie de son propre cœur, toutes les attitudes de celui-ci, par lesquelles elle a été parfaitement unie à Jésus lors de son pèlerinage sur cette terre. Comme une mère transmet la vie à l’enfant qu’elle porte en elle, Marie pourra ainsi nous communiquer la foi, l’espérance, la charité dont elle a elle-même toujours vécu lorsqu’elle vivait aux côtés de son divin Fils, Jésus. C’est cette vérité profonde qui permettait au Pape St Jean Paul II d’écrire : « En quelque manière, la foi de Marie devient constamment la foi du Peuple de Dieu en marche » (Encyclique « La Mère du Rédempteur », n° 28) et aussi : les fidèles « cherchent dans sa foi un soutien pour leur propre foi » (-id-, n° 27).

Dans cette lumière, nous comprenons mieux comment le rôle maternel de Marie vis-à-vis de toute l’Église, et donc de chacun de nous, est de nous aider à vivre toujours plus unis à Jésus, comme elle-même lui a été unie durant toute sa vie sur terre, dans la foi et dans l’amour. Elle nous aide maternellement, par sa prière et par sa présence à nos côtés, à ouvrir de plus en plus nos cœurs au don de Dieu, à l’Esprit Saint, comme elle-même l’a toujours fait. Comme St Louis Marie Grignion de Montfort l’écrivait : « Lorsque l’Esprit Saint trouve Marie dans une âme, il y vole ! » (Traité de la Vraie Dévotion, n° 36).

Très bonne fête de la Pentecôte à chacun de vous, en union avec Marie, Mère de l’Église, notre Mère !

Fraternellement,

Père Philippe Marchand +