Douce nuit, sainte nuit !

 

La chanson de Noël “Douce nuit, sainte nuit”, qui sera à nouveau entonnée par des centaines de millions de personnes le 24 décembre prochain fut crée dans un petit village d’Autriche dévasté par les guerres napoléoniennes.

 

Connu par deux milliards de personnes, selon des chercheurs, “Heilige Nacht, Stille Nacht” se décline en plus de 330 langues et demeure le chant de Noël le plus célèbre au monde.

Mais le 24 décembre 1818, le modeste prêtre-assistant Joseph Mohr cherche simplement à offrir un réconfort à ses ouailles, des travailleurs de peine durement affectés par la misère qui règne alors en Europe centrale.

“Il demande à son ami l’instituteur Franz Xaver Gruber, de mettre en musique six strophes qu’il a écrites deux ans plus tôt. Ils interprètent ensemble la chanson à la messe en s’accompagnant d’une simple guitare”, retrace l’historienne Renate Ebeling-Winkler, spécialiste du sujet : l’histoire dit que l’orgue avait été “grignoté” par les souris  !

Bien que plébiscitée par l’auditoire, la chanson restera dans un premier temps confinée au village. Elle connaîtra cependant bientôt un essor fulgurant et un succès jamais démenti.

Remarquée par un facteur d’orgues tyrolien de passage dans le village, elle est immédiatement inscrite au répertoire des chanteurs itinérants de cette province qui parcouraient l’Europe pour gagner quelques sous l’hiver.

“Auréolé de sa résistance à Napoléon, le Tyrol est alors très en vogue dans les pays alliés, et ses meilleurs chanteurs, comme la famille Rainer, sont des vedettes mondiales”, rappelle l’historienne.Ils font connaître “Douce nuit”, estampillée “chanson populaire tyrolienne”, à la cour de Londres en 1827, puis à Moscou en 1831 et à New York en 1839.

La chanson, dont l’origine est déjà oubliée, est parallèlement reprise dans les livres scolaires en Allemagne et intégrée par les clergés tant catholiques que protestants, qui contribuent à sa diffusion par leurs missionnaires.

Mort dans l’anonymat en 1848, Joseph Mohr ne sut jamais rien du succès de son œuvre. Quant à Franz Xaver Gruber, il ne l’apprit qu’en 1854, lorsque la chanson allait être attribuée au compositeur salzbourgeois Michael Haydn (1737-1806), frère de Joseph.

Mais par quelle magie “Douce nuit” a-t-elle séduit au-delà des clivages sociaux, religieux et culturels, devenant même, à la Noël 1914, l’hymne de l’éphémère fraternisation dans les tranchées de la Première guerre mondiale ?

“C’est tout simplement une chanson magnifique, d’une merveilleuse simplicité, qui, comme Mozart, parle à tous et va bien au-delà de la religion”, estime Nikolaus Erber, l’actuel curé d’Oberndorf.

Avec la chorale du pôle

 

 Douce nuit

Douce nuit, sainte nuit !
Dans les cieux ! L’astre luit.
Le mystère annoncé s’accomplit
Cet enfant sur la paille endormi,
C’est l’amour infini ! x2

 Saint enfant, doux agneau !
Qu’il est grand ! Qu’il est beau !
Entendez résonner les pipeaux
Des bergers conduisant leurs troupeaux
Vers son humble berceau ! x2C’est vers nous qu’il accourt,
En un don sans retour !
De ce monde ignorant de l’amour,
Où commence aujourd’hui son séjour,
Qu’il soit Roi pour toujours ! x2Quel accueil pour un Roi !
Point d’abri, point de toit !
Dans sa crèche il grelotte de froid
O pécheur, sans attendre la croix,
Jésus souffre pour toi ! x2
 Paix à tous ! Gloire au ciel !
Gloire au sein maternel,
Qui pour nous, en ce jour de Noël,
Enfanta le Sauveur éternel,
Qu’attendait Israël ! x2