Canonisation du Bienheureux Charles de Foucauld

Charles de Foucauld, « frère universel », un guide dans nos déserts…

 

Nous venons d’apprendre, juste avant la fête de la Pentecôte, la canonisation prochaine du Bienheureux Charles de Foucauld, après la reconnaissance d’un miracle obtenu par son intercession.

 

« Mon apostolat doit être celui de la bonté », disait cet ancien officier de cavalerie, né à Strasbourg, dans une famille aristocratique de la vieille noblesse française, formé à Saumur, après un passage par Saint-Cyr.

Jeune officier patachon et indiscipliné, Charles-Eugène de Foucauld de Pontbriand avait ensuite quitté l’armée et la jeunesse dissipée qui avait été la sienne pour devenir explorateur-géographe au Maroc, puis trappiste et enfin ermite au milieu des Touaregs, dans le Sud algérien.

 

Quel message pouvons-nous retenir aujourd’hui ?

 

Grand artisan – avant la lettre, pourrait-on dire – du dialogue islamo-chrétien, Père Charles avait choisi de vivre l’Évangile « au ras du sol », dans le partage fraternel et le souci des plus petits de cette région berbère sahélienne : présence discrète, humble et dépouillée, puisant à la spiritualité du Cœur de Jésus et nourrie dans l’adoration silencieuse à laquelle il consacrait plusieurs heures par jour.

Avant tout missionnaire, il portait sur son burnous de bure blanche, cousu en laine rouge, un cœur surmonté d’une croix.

 

Si certains chrétiens, aujourd’hui prompts à mettre le Sacré Cœur sur l’oriflamme de la République pour soutenir des causes politiques nationales, sont prêts à en faire leur porte-drapeau, les fidèles y voient une autre invitation, moins tapageuse. Il ne s’agit pas de convertir, mais « d’aimer comme le Christ nous aime ». Plus que des sermons et des prêches, il s’agit d’être « à la manière du Christ », recevant de son Amour filial sa confiance en la paternité divine qui fait de nous des frères …

 

C’est de ce message fraternel que se réclamaient les moines de l’Atlas, notamment le père Christian de Chergé, abbé de Tibhirine, qui signa son « fameux » testament spirituel en décembre 1993, le jour anniversaire de la mort violente de Charles de Foucauld, le 1er décembre 1916, à Tamanrasset, en Algérie (tué, sans doute par inadvertance et dans des circonstances obscures, lors d’un accrochage par un groupe de rebelles Sénoussis, d’origine libyenne).

 

Frère Charles de Jésus, ce pèlerin de l’Esprit, nous invite, en ces temps difficiles, à « déconfiner » nos âmes, à sortir de nos appréhensions et de nos frontières, à quitter notre « petit confort » spirituel pour relever les nombreux défis qui nous sont proposés.

La sainteté – trop vite assimilée à la perfection – ne consiste pas à faire des miracles ni des coups d’éclats tapageurs … mais à aimer et servir Dieu, à travers le visage de nos frères : « En tout être humain, derrière les voiles et les apparences, voir un être ineffablement sacré »

 

Dans les déserts que traversent trop souvent nos sociétés d’égoïsme et de repli sur soi, continuons le chemin tracé : l’imitation de la vie à Nazareth dans un apostolat de « discrétion » par les relations quotidiennes avec le milieu dans lequel on est inséré, les relations d’amitié partagée et la pauvreté d’un abandon spirituel, fortifié par la dévotion Eucharistique.

Charles de Foucauld est le père d’une vaste famille spirituelle qui ne compte pas moins de dix congrégations religieuses et huit associations de vie spirituelle à travers le monde.

En suivant la trace de ses pas, optons, nous-aussi, pour une vie chrétienne simple, authentique, dépouillée qui témoigne de l’Évangile dans la vie de tous les jours et fait de la religion, un Amour.

N’est-ce pas aussi la devise de notre Pôle ?

 

« Si vous avez de l’Amour les uns pour les autres, tous reconnaitront que vous êtes mes disciples » (Jean 13, 35)